Je photographie les lieux comme on photographie des visages.

 

Je photographie ceux qui sont négligés par le regard, ceux qui vivent en marge, dont la présence semble parfois effacée. Ce qui m’intéresse, ce n’est pas seulement de capturer des visages, mais de révéler des histoires, des luttes, des vies qui existent au-delà du regard conventionnel. Je photographie les lieux comme on photographie des visages. Derrière une apparence figée, ils portent les traces du temps et des passages. Le Manège illustre cette approche : une attraction déserte, encore illuminée, mais vidée de son mouvement et de ses rires d’enfants. Il reste une empreinte, une mémoire entre chien et loup. Cette image est celle de l’enfance et de ses instants fugaces. On devine l’agitation passée, les éclats de voix qui résonnaient là où ne subsiste plus qu’un calme étrange. C’est cette suspension du temps qui m’interpelle : que reste-t-il des moments de joie une fois qu’ils se dissipent ? Mes photographies n’apportent pas de réponse. Elles invitent à regarder autrement, à imaginer ce qui a été et ce qui pourrait renaître.